3 questions à...

05/09/2022

Suite à la conférence TXF GLOBAL qui est un événement majeur dans le secteur du financement des exportations, Cécile Camilli, Responsable monde du Développement et Financements Export Structurés (DSE), nous partage son point de vue sur l'évolution du secteur et sur le shift de DSE et son impact sur le business.

Cécile, quelles sont les tendances actuelles en matière de développement et financement export ?

Dans le domaine du financement des exportations, nous travaillons avec les exportateurs et les importateurs, des Etats souverains aux entreprises et institutions financières, pour financer des actifs stratégiques et des projets tels que les infrastructures, l'énergie, les investissements industriels ou les transports, avec le soutien des organismes de crédit à l'exportation (ECA) et des organisations multilatérales. Historiquement, les ECA étaient surtout actifs sur les marchés émergents pour atténuer les risques de crédit et les risques politiques, mais ils ont récemment accru leur action sur les marchés développés, car ils soutiennent des projets qui comportent des risques liés aux nouvelles technologies vertes : nouveaux acteurs, modèles d'entreprise en phase de démarrage, technologies innovantes, risques de marché, etc. 

J'ai récemment animé un panel lors de la conférence TXF Global comprenant trois entreprises qui se penchaient sur l'ambition de l'Europe d'accélérer la transition énergétique, chacune de ces entreprises ayant décidé de s'orienter vers des technologies plus propres et des industries plus vertes : Northvolt est le plus grand fabricant de batteries pour véhicules électriques d'Europe et prévoit de poursuivre son expansion en Suède et au-delà ; Freyr vise à produire les batteries de stockage d'énergie les plus durables et les plus propres en Norvège, tandis que JDR Cable Systems, leader dans le domaine des câbles sous-marins pour l'extraction du pétrole et du gaz, a démarré un projet de transformation au Royaume-Uni avec le lancement d’une nouvelle unité de production dédiée au marché de l'éolien offshore. Tous ces investissements stratégiques sont financés avec le soutien des ECA qui jouent un rôle essentiel dans le déploiement à grande échelle des fonds publics, des garanties publiques et des capitaux privés.   

Comment les ECA s'adaptent-ils à la transition énergétique en Europe ?

L'investissement massif dans la réindustrialisation et la révolution verte de l'Europe, alors que nous sommes confrontés à de nouveaux modèles économiques, a conduit les ECA européens à adopter une approche plus axée sur les solutions, la transition énergétique devenant la pierre angulaire de leur mandat. À ce titre, ils ont rapidement adapté leur offre de produits, en renforçant leur capacité et leur flexibilité à soutenir des projets stratégiques, avec un concept plus large d'"intérêt national" et en mettant clairement l’accent sur le financement durable. Ils ont renforcé leur rôle de facilitateur clé pour faire émerger des pôles industriels d'excellence, pour soutenir une chaîne d'approvisionnement plus verte et indépendante, et pour le développement d'une base d'exportateurs européens. 

Plusieurs programmes de garantie et d'assurance "non liés" (c'est-à-dire non liés aux exportations d'équipements physiques) ont été lancés par les ECA européens pour soutenir les industries et les investisseurs nationaux dans leur développement à l'étranger ainsi que dans leur pays d'origine. À titre d'exemple, UKEF a récemment élargi sa garantie de développement des exportations pour les projets de croissance verte, comme cela a été le cas pour l'investissement de JDR au Royaume-Un ; Euler Hermes a élargi sa garantie non liée pour soutenir les prises de participation stratégiques en Allemagne, y compris sur les produits finis, comme cela a été le cas pour Northvolt ; les ECA scandinaves ont tous lancé des produits de garantie nationaux pour soutenir les investissements ayant un impact positif sur le climat, comme le soutien d’Eksfin pour la future usine de fabrication de batteries Freyr ; BPI A.E. a rendu sa Garantie des Projets Stratégiques également applicable aux investissements stratégiques en France et SACE Green Guarantee pour les projets verts italiens, ainsi que beaucoup d'autres... 

Comment votre modèle d'entreprise a-t-il évolué en tenant compte du shift opéré dans le secteur du financement des exportations ?

Nous avons opéré notre propre shift l'année dernière, en renommant notre département "Development & Structured Export Finance" (DSE), qui regroupe le financement des exportations et le financement multilatéral avec une approche plus personnalisée vis-à-vis du développement durable. De cette manière, nous augmentons l'éventail des risques finançables et la bancabilité de projets ambitieux, en intégrant des technologies innovantes, des investissements privés ou des financements sans recours avec nos collègues du financement de projets. Les ECA nous permettent également d'optimiser la taille des financements, de les étendre à des durées maximales ou d'introduire des financements en monnaie locale.

Si l'on regarde le premier semestre 2022, grâce à notre shift au sein de DSE, nous avons pu soutenir des projets clés en matière de transition énergétique ainsi que des projets sociaux dans les marchés développés et émergents. 
Comme mentionné plus haut, en collaboration avec UKEF, nous avons structuré le financement de la fabrication d'un câble électrique sous-marin qui améliorera les capacités croissantes du Royaume-Uni en matière de parcs éoliens offshore et soutiendra l'entreprise JDR dans sa stratégie de transition énergétique. Une autre opération stratégique en Europe a été le financement de l’entreprise coréenne émergente, Hanwa EU Energy, pour alimenter des centaines de projets d'énergies renouvelables en Europe. Au Ghana, nous avons soutenu la construction d'une cimenterie innovante à faible émission de carbone, réduisant les émissions de CO2 de 20%, grâce à une structure innovante combinant l'ECA suédoise et un financement en monnaie locale accordé par Société Générale Ghana. 

Ce n’est que le début, et le fait que Société Générale se soit classée 1er prêteur dans le classement TXF Sustainable deals en 2020 et 2021 est une belle reconnaissance de notre engagement à soutenir la transition énergétique de nos clients, tant sur les marchés en développement que sur les marchés développés.

 


Contenu supplémentaire : lire l'interview de Cécile sur le site ekn :
https://www.ekn.se/en/magazine/sustainability/uncertainty-creates-opportunity/