Paiements transfrontaliers : pour atteindre les objectifs du G20, un coup de pouce des régulateurs s’impose
Le G20 a fixé plusieurs objectifs à atteindre d’ici à 2027 pour répondre à sa feuille de route destinée à améliorer le système de paiements transfrontaliers...
Le G20 a fixé plusieurs objectifs à atteindre d’ici à 2027 pour répondre à sa feuille de route destinée à améliorer le système de paiements transfrontaliers. L’enjeu est clair : favoriser l’inclusion sociale et soutenir le commerce international, en fluidifiant les paiements et en améliorant l’expérience utilisateur. Le mouvement est déjà amorcé par les différents acteurs du secteur, mais une action des pouvoirs publics va s’avérer nécessaire pour espérer concilier des objectifs parfois antinomiques.
En octobre 2021, les autorités financières du G20 ont fixé des objectifs ambitieux pour les marchés du paiement transfrontalier retail (particuliers et entreprises) et wholesale (entre institutions financières). Ceux-ci s’articulent autour de quatre axes : la rapidité d’exécution, la réduction des coûts, la transparence et l'accessibilité. Par exemple, d’ici à 2027, 75% des paiements transfrontaliers du marché devront être crédités dans l’heure qui suit leur initiation. En matière d’accessibilité, plus de 90% de la population mondiale devra avoir accès à un moyen de paiement transfrontalier, y compris les individus qui n’ont pas de compte bancaire.
Afin d’atteindre ces objectifs, les autorités financières du G20 travaillent avec les régulateurs et le secteur privé. Un ensemble de KPIs a été défini, afin de pouvoir mesurer la progression des différents acteurs au fil du temps, jusqu’à l’échéance de 2027.
Des objectifs souvent difficiles à concilier
Pourtant, dans bien des cas, les objectifs affichés peuvent paraître difficiles à accorder. Ainsi, comment concilier une meilleure qualité de service et une baisse des prix ? Comment réduire les coûts pour l’utilisateur final, s’il faut en même temps investir massivement pour gérer les transactions en temps réel et apporter davantage de transparence ? Réconcilier ces injonctions contradictoires n’a rien de simple…
La solution passera nécessairement par des gains d’efficacité importants du côté des opérateurs de ces transactions. Mais ceux-ci ne pourront pas y parvenir seuls, car la technologie ne fera pas tout : elle permet certes d’avancer et de lever certains freins, mais elle n’est qu’une partie de la solution. Les pouvoirs publics auront donc un rôle majeur à jouer pour créer les conditions permettant à l’industrie de réaliser les gains d’efficacité dont elle a besoin.
S’affranchir des redondances pour gagner en efficacité
En particulier, beaucoup de processus redondants pourraient être évités, notamment en matière de conformité. A l’échelle mondiale et même régionale, les exigences de KYC sont encore loin d’être harmonisées. Même en Europe, où des directives s’appliquent à l’ensemble de l’Espace Économique Européen, les règles diffèrent dans chaque pays, car les décisions sont déclinées de façon spécifique par chaque autorité nationale.
Dans le même temps, des infrastructures concurrentes se développent en parallèle, alors qu'elles répondent aux mêmes besoins - c’est le cas notamment de l’Instant Paiement en Europe, un marché sur lequel acteurs privés et publics sont en compétition. On dénombre ainsi aujourd’hui dans la zone SEPA une douzaine de systèmes de paiement traitant le virement instantané euro !
Des progrès sont déjà en cours…
Les objectifs fixés par le G20 sont à saluer : ils correspondent aux attentes des clients finaux et il serait aberrant d’aller à leur encontre. Néanmoins, l’équation financière des opérateurs de paiements transfrontaliers doit être correctement prise en compte, dans l’intérêt des objectifs affichés par le G20.
Les acteurs du secteur commencent déjà à travailler main dans la main pour lever les nombreuses frictions qui subsistent sur le marché - notamment pour tenter de réduire les doublons d’infrastructures et créer des interconnexions entre systèmes de paiement concurrents ou bien opérant dans des juridictions utilisant des devises différentes.
Mais pour aller plus loin, il faudra des coups de pouce des régulateurs et des autorités financières, afin d'harmoniser les processus réglementaires, définir de nouveaux standards et encourager les interopérabilités, bref, lever bon nombre de frictions qui génèrent des coûts importants pour les acteurs en place.