L’investissement durable : un parcours exigeant vers le « véritablement écologique »

23/11/2022

Cela ne fait plus l’ombre d’un doute : pour préserver notre avenir sur la planète, nous devons réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, réduire la pollution et protéger la biodiversité.

Reste la question de savoir comment, compte tenu des énormes coûts associés. Selon McKinsey, un investissement de 9,2 milliards de dollars, soit un écart de près de 40 % par rapport aux 5,7 milliards de dollars par an investis actuellement, sera nécessaire pour atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale d’ici 2050. À elle seule, l’Europe aura besoin de 390 milliards d’euros par an cette décennie pour atteindre ses objectifs d’émissions à l’horizon 2030 et de 130 milliards d’euros pour atteindre d’autres objectifs environnementaux.

La première étape pour relever ce défi consiste à mettre en place un cadre politique propice à une meilleure rentabilité des activités vertes et apte à attirer ainsi « naturellement » les investissements axés sur les critères ESG et le développement durable dans ces secteurs. Les législateurs s’activent déjà. Le Pacte vert européen voté en 2020 mobilisera au moins 1 milliard d’euros d’investissements durables au cours des dix prochaines années. Dans le même temps, l’Inflation Reduction Act promulgué en août et qui prévoit de débloquer 370 milliards de dollars pour accélérer la diffusion des énergies propres, est la loi en faveur de l’environnement la plus importante jamais adoptée aux États-Unis. 
Des politiques publiques favorables sont nécessaires, mais pas suffisantes. Pour atteindre les objectifs énoncés ci-dessus, les investisseurs privés doivent faire en sorte que chaque dollar compte.

De plus en plus, nos clients pensent au-delà des risques ESG et s’efforcent d’investir uniquement dans ce qui ’soutient réellement’ la transition environnementale, précise Isabelle Millat, Responsable des Solutions d’Investissement Durable pour les Activités de Marchés de Société Générale. 

Définir et repenser l’investissement vert

Le temps consacré à l’élaboration d’une taxonomie européenne des activités vertes, la controverse que sa publication a suscitée et ses lacunes par rapport aux taxonomies qui émergent actuellement dans d’autres domaines en sont la preuve : parvenir à un consensus sur ce qui est « véritablement » écologique n’est pas aisé.

Deux autres concepts suscitent beaucoup d’attention : ceux de transition et d’adaptation. Tous les secteurs ne peuvent pas passer immédiatement et facilement à des sources d’énergie et à des processus à faible émission, comme l’admettent de nombreux scénarios de développement durable. « Les investisseurs durables se concentrent donc petit à petit sur des solutions qui facilitent la transition de ces secteurs, ou qui consomment de moins en moins d’énergie primaire fossile carbonée », explique Mme Millat.

Si l’innovation est essentielle pour atteindre notre objectif commun, nous pensons que la clé du succès réside dans la massification des technologies déjà existantes. Cela peut se faire en mettant l’accent sur l’efficacité énergétique, la mobilité bas carbone et l’électrification des usages, explique Pierre Abadie, Directeur Climat Groupe de Tikehau Capital, groupe mondial de gestion d’actifs alternatifs.

Il est également réaliste de reconnaître que le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement ont pour partie atteint un stade de non-retour. Pour protéger les personnes et les actifs productifs des conséquences de ce réchauffement et de cette dégradation, il est nécessaire d’investir dans des mesures d’adaptation, comme la protection des littoraux, la préservation des forêts, la diversification des cultures et la construction d’infrastructures résilientes. 

Compte tenu de tous ces facteurs, à quelles stratégies les investisseurs doivent-ils recourir pour s’assurer que chaque dollar contribue réellement à la transition environnementale, tout en générant toujours un rendement acceptable ?

Viser des résultats plus grands et plus « verts »

La première de ces stratégies, selon Mme Millat, est l’investissement à impact : les fonds génèrent un impact intentionnel, mesurable, mais surtout additionnel. Traditionnellement peu liquide, ce marché en plein essor attire désormais les investisseurs institutionnels, ce qui lui a permis d’atteindre les 1 000 milliards de dollars pour la première fois en 2021, selon le Global Impact Investing Network. « Les investisseurs désireux d’accéder à des actifs alternatifs continuent de s’intéresser de très près, voire de plus en plus, aux solutions de financement innovantes et durables, alliant quête de rentabilité et impact social et environnemental positif et quantifiable », ajoute Pierre Abadie.

Sur les marchés cotés, les investisseurs cherchent de plus en plus à compléter les stratégies d’atténuation des risques ESG par des produits axés sur des indicateurs et des objectifs de développement durable spécifiques. Parmi les thèmes les plus populaires figurent la neutralité climatique, la biodiversité, l’économie circulaire et la transition juste, qui rapproche le E et le S en matière d’ESG. 

Outre les produits, les investisseurs institutionnels peuvent viser un impact par le dialogue. Plutôt que d’écarter (ou de proposer à la baisse) les titres d’entreprises et de secteurs « dans lesquels on ne peut investir », les gestionnaires d’actifs dialoguent de plus en plus avec ces entreprises afin d’améliorer leur performance ESG.

Naïm Abou-Jaoudé, PDG de Candriam, confirme cette tendance : De plus en plus, les dialogues avec les investisseurs visent à influer sur les pratiques des émetteurs cibles, les initiatives de collaboration continuant de gagner en importance en raison de l’effet de levier qu’elles procurent aux actionnaires. 

Par-delà ce dialogue, les institutions financières ont une influence forte au travers de la pédagogie et de la sensibilisation : ce sont elles en effet qui expliquent à leurs clients finaux quelles sont les solutions à privilégier pour investir dans l’environnement, les résultats qu’elles peuvent obtenir et les limites de ces solutions. Cette transparence est source de confiance et donc du développement durable de ces activités. « Le manque de connaissances des investisseurs en matière d’investissement durable reste important. Il favorise les interprétations et ralentit l’allocation de capitaux à des initiatives qui favoriseront véritablement la transition vers un monde plus durable, confirme Naïm Abou-Jaoudé. En finançant la recherche universitaire et les projets éducatifs destinés au grand public, Candriam - comme d’autres acteurs - participe activement à la transformation du secteur. »

L’un des aspects de cet effort éducatif devrait être de décrypter le labyrinthe des classifications de produits et des initiatives de reporting. Comme le souligne Mme Millat, une banque comme Société Générale a un rôle clé à jouer auprès de ses clients et doit les aider à s’orienter dans ce paysage complexe, partager avec eux les références et les meilleures pratiques et, à terme, les guider vers des solutions qui offrent le bon niveau de rendement du risque, ainsi que des résultats environnementaux et sociétaux.


Vous souhaitez obtenir des informations et trouver de nouvelles idées pour concrétiser vos ambitions en matière de développement durable ? N’hésitez pas à participer à la Positive Impact Week. Cet événement phare de Société Générale pour ses clients du monde entier se tiendra du 28 au 30 novembre.
 

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