Relever le défi des paiements numériques

28/06/2022

Alors que les paiements poursuivent leur transition vers le numérique, le secteur est obligé de réinventer les technologies de paiement pour continuer d’offrir des services efficaces en toute sécurité. Qu'il s'agisse de renforcer la collaboration, de lutter contre la fraude, d’améliorer l'efficacité et de normaliser, les enjeux actuels sont autant d’occasions d'innover.

Au Royaume-Uni, un montant record de 754 millions de livres sterling (1 milliard de dollars) a été volé à des organisations de services financiers au cours des six premiers mois de 2021, soit une augmentation de 30 % par rapport à la même période en 2020 et un bond de plus de 90 % comparé à il y a trois ans, selon les dernières données de l'organe représentatif du secteur bancaire britannique UK Finance. 

Les banques s'efforcent de moderniser leurs systèmes et de lutter contre la fraude, mais les acteurs du secteur doivent également travailler de concert pour élaborer des solutions et des stratégies. En effet, l'un des plus grands problèmes pour les banques est le paysage fragmenté des données qui complique l’identification des autres contreparties le long des chaînes de transaction. Les normes et les formats de données varient selon les juridictions, les systèmes et les réseaux de messagerie, ce qui rend l'interopérabilité et l'automatisation difficiles.

L'une des solutions proposées par le secteur est la nouvelle norme ISO 20022, dont le déploiement est prévu en novembre de cette année. Il s'agit d'une norme internationale régissant les échanges de messages électroniques entre établissements financiers, créée pour donner au secteur financier une plateforme commune pour l'envoi de messages de paiement et l'échange de données de paiement. En d'autres termes, elle permet un contrôle et une traçabilité accrus tout au long de la chaîne des paiements.  

Mais ce n'est qu’un début. Le secteur est en passe d’être révolutionné par une combinaison de nouvelles technologies qui permettront de mettre en place un système de paiement dédié aux entreprises plus fort, plus rapide et moins cher. Paul Beecham, expert crypto chez Société Générale, entrevoit un avenir où « les trésoriers stockeront toutes les données personnelles sous forme de cartes d'identité numériques dans des NFT ou des portefeuilles numériques hautement sécurisés ». Une fois cela mis en place, ils pourront les réutiliser aussi souvent que nécessaire avec leurs fournisseurs, clients, etc. L'authentification utiliserait également la biométrie pour plus de sécurité.' » Ces processus centraux étant fondés sur la technologie blockchain, les futurs systèmes de paiement seront en mesure d'offrir un grand livre numérique sécurisé qui permettra le suivi et l’approbation de chaque élément d'une transaction par toutes les parties à celle-ci, ce qui atténuera les risques de manipulation des paiements.

Le problème de la fraude va de pair avec celui de l’uniformisation. Pour des raisons politiques et réglementaires, et de par la diversité des acteurs, le marché des paiements est fragmenté. D'une part on constate, comme nous l’avons mentionné plus haut, que les normes et les formats de données sont multiples. D’autre part, il existe une myriade d'acteurs sur le marché – banques, fintechs – qui ne sont pas nécessairement soumis aux mêmes règles et réglementations.  

Pour parvenir à un univers des paiements plus simple, plus sûr et plus transparent, le secteur doit renforcer la collaboration entre les acteurs. Il en résulterait des synergies de coûts et des solutions innovantes – l'identification numérique basée sur les NFT, mentionnée plus haut, n'étant que l'une des nombreuses applications prometteuses de la blockchain. 

Pour ce faire, les régulateurs doivent appliquer des politiques identiques à tous les acteurs du secteur, selon le principe « même activité, mêmes risques, mêmes règles et même vérification rigoureuse de l'application des règles ». Les banques et les nouveaux acteurs doivent également coopérer plutôt que se faire concurrence afin de tirer parti du savoir-faire de chacun et d'accélérer la mise à disposition de nouveaux services sûrs et efficaces pour les clients.

Peu à peu, les banques et les entreprises verront la technologie de registres distribués, en l’occurrence la blockchain, sous un jour nouveau, car elle pourrait devenir la technologie maîtresse de la gestion des risques de demain. Cela étant, une technologie ne permettra pas à elle seule d'obtenir un système de paiement meilleur et plus sûr. En effet, l’ensemble du secteur doit travailler en collaboration pour sécuriser le futur monde des paiements. Mais dans l'immédiat, le défi est la mise en œuvre de la norme ISO 20022. Comme le souligne Stephen Donohoe, chef de produit paiements et cash management chez Société Générale au Royaume-Uni : « Le mois de novembre n'est pas si loin. Le temps presse et les banques devraient déjà avoir enclenché la transition car les clients vont probablement privilégier les organisations avec lesquelles ils se sentent en sécurité et protégés. »