24/05/2022

Après sa participation à la conférence minière 121 en Afrique du Sud, Lenaig Trenaux, Responsable monde du Financement Mines, Métaux et Industries, partage son point de vue sur l'évolution du secteur minier.

Lenaig, quelles sont les tendances actuelles du marché des mines, métaux et industries ?
L'importance critique de l'exploitation minière et des métaux pour la transition énergétique est un thème central et le développement de nouvelles mines est inévitable pour progresser vers la neutralité carbone. Le développement des projets doit cependant être géré avec une extrême prudence afin de garantir que l'extraction et la production se fassent de manière responsable.
Les sociétés minières réputées, et les projets qu'elles soutiennent, sont aujourd'hui plus que jamais concernées par cet aspect. Leur objectif - de s'assurer que leur contribution à la transition énergétique est clairement comprise - contribue à une plus grande autosurveillance et à un renforcement de leurs exigences en matière de durabilité et d'ESG pour les projets.
À travers ce même prisme, les sociétés minières cherchent de plus en plus à orienter leurs projets - et les métaux et minéraux qui en découlent - au-delà de l'industrie traditionnelle, vers les " chaînes de valeur " globales liées à la décarbonation. Si l'on prend l’exemple des véhicules électriques, la chaîne de valeur s'étend de la société minière à la Giga-usine de batteries, en passant par le constructeur automobile et en fin de chaîne, le client final. Sans les métaux et les minéraux, il est tout simplement impossible de produire des véhicules électriques. L'entreprise minière est donc au cœur de la chaîne de valeur, et cette tendance ne peut que se poursuivre dans d'autres secteurs et industries.

La symbiose entre les chaînes de valeur est-elle optimisée ?
Oui et non. Si les chaînes de valeur rassemblent de nombreuses parties prenantes, il faut encore améliorer la coordination entre l'amont et l'aval, notamment par le biais des investissements. On constate néanmoins des progrès. Nous voyons maintenant des sociétés minières investir en aval et des acteurs en aval investir plus en amont en vue de gérer leur chaîne d'approvisionnement et de sécuriser leur accès à l'approvisionnement, mais aussi à des fins de traçabilité et de durabilité, ce qui souligne le point d'autosurveillance et de responsabilité soulevé précédemment.
Les investissements dans le secteur pour assurer l'approvisionnement en métaux et minéraux ne sont toujours pas suffisants pour répondre à la demande accrue liée à la transition énergétique, et le recyclage ne résoudra qu'une partie du problème. Débloquer des capitaux privés - des banques aux fonds d'investissement en passant par les sponsors financiers - est donc un autre élément de la chaîne de valeur qui doit être encouragé.
Il existe d'autres considérations importantes à prendre en compte. Un grand nombre de minéraux nécessaires se trouvent dans des juridictions complexes qui nécessitent des approches très prudentes. Il y a aussi la question de la sécurité de l'approvisionnement et de l'indépendance nationale ou régionale, et puis bien sûr, la question de l'acceptabilité sociale des mines. Les sociétés minières ont un rôle nouveau et essentiel à jouer dans le soutien à la transition énergétique, mais cela ne doit pas remettre en cause la manière dont les projets sont entrepris. Les discussions politiques et sociales sont donc également au cœur du développement des chaînes de valeur.

Comment votre mandat a évolué en tenant compte du shift du secteur minier ?
Le mot clé ici est "shift"*. Société Générale, par le biais de son activité Global Banking and Advisory, a mis en œuvre son propre shift : nous n'opérons plus seulement de façon verticale en reflétant l'expertise individuelle, mais aussi de façon horizontale à travers de multiples activités pour tirer parti de l'intelligence collective de toutes nos équipes à travers les chaînes de valeur sectorielles.
Concernant mes équipes, nous avons élargi notre mandat depuis quelques années en nous appuyant sur nos compétences de base et notre compréhension du secteur. Cela nous a permis de suivre de nouvelles chaînes de valeur, de l'amont à l'aval, et d'apporter notre compréhension des tendances et des défis des métaux et de l'exploitation minière aux nouveaux acteurs des chaînes de valeur, tout en accompagnant nos clients existants dans leurs nouveaux développements.
Aujourd’hui, lorsque nous discutons de projets, il ne s'agit pas seulement d'une discussion avec mon équipe, mais aussi avec l'équipe en charge des infrastructures, de la mobilité, des sponsors financiers et de la banque d'investissement pour mobiliser des capitaux privés sous forme de dette et de fonds propres, avec l’équipe environnement pour examiner les projets, etc. Nous nous sommes alignés sur les chaînes de valeur que nous observons dans les principaux secteurs, et nous tirons parti de l'intelligence collective de tous nos collègues pour conseiller au mieux nos clients.
Rien qu'au premier trimestre de 2022, mes équipes ont obtenu trois mandats de conseil de haut niveau dans le domaine des Giga-usines de batteries, et cela n'est possible que grâce au shift de notre mandat.

"shift"* = changement

Découvrez comment  Société Générale, à travers son activité GLBA, a mis en œuvre son propre « shift » .