La Tech tourne au ralenti dans le monde, et si l’Europe prenait le lead ?

08/03/2023

La croissance exponentielle et la surperformance du secteur technologique mondial ces dix dernières années ont été brutalement interrompues.

Les entreprises de la Tech américaine ont annoncé plus de 160 000 suppressions d'emplois l'année dernière, soit 13 fois plus que l’année précédente, après avoir massivement embauché pendant la pandémie. Certaines entreprises et start-ups ont réduit leurs effectifs de 50 %, voire plus (1)

Dans le même temps, en Chine, les restrictions imposées aux entreprises technologiques privées dans le cadre de la politique de « prospérité commune » de Pékin ont fortement pesé sur les bénéfices et les perspectives d’entreprises comme Alibaba et Tencent. Certains sous-secteurs, comme l'éducation en ligne, pourraient même ne jamais s’en relever. 

Les valorisations sont en baisse partout, notamment du fait de l’impact de la hausse des taux d'intérêt et ses conséquences mécaniques sur l’actualisation des flux de trésorerie. Avec pour résultats, la chute des volumes d'introductions en bourse et le ralentissement des levées de fonds privés dans le venture capital. Les prévisions de croissance sont revues à la baisse et les investisseurs se demandent quand le secteur sera en mesure d’atteindre un nouvel équilibre.

L'Europe possède l’avantage

« Nous constatons que les investisseurs, plutôt que de se concentrer sur les marchés traditionnels de la Tech, se tournent désormais vers l'Europe, où de nombreuses entreprises technologiques ont le potentiel de devenir des leaders, » déclare Luis Vaz Pinto, Responsable marchés de capitaux actions chez Société Générale. « Ces entreprises peuvent contribuer de manière significative à la transition numérique et écologique du monde et elles ont la capacité de se développer à l’échelle mondiale. »

Ces entreprises technologiques bénéficieront de la compétence et de l'expérience de l'Union Européenne dans la construction d'écosystèmes complets. Ces derniers s’appuient sur des réglementations, des incitations et un soutien des pouvoirs publics bien coordonnés au niveau de l'UE, des États et des régions, réunissant les initiatives publiques et privées . On peut citer par exemple l'initiative Euronext Tech Leaders, dont Société Générale est partenaire : la principale place boursière européenne a ainsi créé un segment technologique spécifique pour valoriser les atouts des entreprises technologiques leaders du continent auprès des investisseurs internationaux.

Un deuxième atout solide pour le secteur est l'engagement précoce et profond de l'Europe en matière de décarbonation.

« L'économie verte et le secteur technologique se rencontrent dans des domaines toujours plus nombreux alors que les technologies zéro émission nette, comme l'hydrogène et le captage du carbone, commencent à se développer,  » souligne Alain Bokobza, Responsable Allocation d’actifs monde chez Société Générale.

Et la plupart des observateurs s'accordent sur le fait que c’est l'Europe qui établit les normes et développe les outils pour financer cette nouvelle industrie dans laquelle de nombreux jeunes soucieux d’engagement souhaitent travailler.

En ajoutant des atouts tels que l'histoire, la culture, un environnement attractif et un mode de vie plus équilibré, il n’est pas surprenant qu'une part croissante des talents de la Tech qui avaient quitté l'Europe pour la Californie, Hong Kong ou même Shenzhen, commencent à revenir, notamment dans le contexte de ralentissement économique actuel. 

Zoom sur la French Tech

Au sein de l'Europe, l'essor de la French Tech se distingue, à la faveur de l'énergie des entrepreneurs français et du soutien de toutes les parties prenantes, y compris les partenaires de financement et les pouvoirs publics, qui ont créé une dynamique positive et un écosystème de grande qualité. Près de 30 licornes sont apparues en France dans les segments des logiciels, des services aux entreprises, des FinTech, GreenTech, DeepTech, les plateformes de marché grand public et marché.

Les levées de fonds semblent plus résilientes en France puisqu’elles ont augmenté en 2022 par rapport à 2021 pour atteindre le niveau record de 13,5 milliards d'euros malgré le changement de conditions macroéconomiques. Ainsi, la France est le seul écosystème européen majeur à avoir connu une augmentation des financements l'année dernière.
Ces dernières années, les marchés de capitaux européens ont accueilli ces nouveaux arrivants, suscitant l’intérêt de tous types d'investisseurs. Les pouvoirs publics en Europe soutiennent également cette dynamique : l'initiative Scale-up Europe devrait renforcer la base des investisseurs clés, à la fois publics et privés. Le gouvernement français a quant à lui fixé un objectif pour la place de Paris de 10 licornes cotées d'ici 2025. 

Se préparer à la reprise

Le lancement d'une introduction en bourse nécessite des préparatifs techniques appropriés, et d’adopter l'état d'esprit d'une future société cotée. Le ralentissement des marchés de capitaux devrait permettre à ces entreprises de s'engager dans cette démarche.

Chez Société Générale, nous développons une couverture client dédiée aux entreprises de la Tech et nous accompagnons activement les investisseurs pour qu’ils acquièrent une connaissance plus fine de ce secteur, déclare M. Vaz Pinto. 

Pour préparer une introduction en bourse, un dialogue précoce avec les investisseurs est essentiel. Il permet de développer l’equity story et de préparer dans les meilleures conditions la mobilisation des investisseurs. « Notre première conférence sur la French Tech en janvier 2023 a permis aux entrepreneurs et aux investisseurs d'engager ces premières discussions afin d’être prêts pour la reprise », ajoute-t-il. 

Et avec le projet de joint-venture récemment annoncé entre Société Générale et Alliance Bernstein pour former une franchise mondiale de premier plan dans les domaines du cash actions et de la recherche actions,

Nous sommes déterminés à fournir à nos clients le meilleur service et une analyse approfondie permettant de saisir les développements dans de nombreux secteurs, y compris celui de la technologie, conclut M. Bokobza. Et cela concerne tout particulièrement le secteur technologique européen qui bénéficie de perspectives très favorables.
 

(1)    https://layoffs.fyi/

photo van pinto vf

 

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