Embrasser la complexité maintenant, pour le climat

01/06/2021

Il existe un fort consensus sur le fait que nos efforts pour contenir les dommages climatiques atteindront un pic d'urgence autour de l'année 2050.

Que ce soit dans l'accord de Paris, dans les réunions connexes des Conférences COP ou dans la multiplicité des scénarios élaborés par les organisations et agences multilatérales, il y a un fort consensus sur le fait que nos efforts pour contenir les dommages climatiques atteindront un pic d'urgence autour de l'année 2050. Toutefois, si nous voulons limiter les dommages causés à notre planète par le réchauffement climatique et atteindre les objectifs fixés pour 2050 (l'année cible dite "net zéro"), cela signifie qu'une grande partie de ce qui est en train d'être développé doit être opérationnel bien avant cela ; que la majorité des solutions doivent être mises en œuvre et exécutées d'ici à 2030 ou même avant. Cette décennie s’annonce critique pour gagner la course pour le climat.

Si je suis généralement optimiste, je suis également en contact quotidien avec un large éventail de clients, d'industries et de technologies. Je pense que nous assistons à une accélération conforme à cette urgence. Plusieurs indicateurs motivent mon optimisme qui reste toutefois prudent.

Premièrement, c'est le rythme de l'innovation technologique. Il y a eu plus de développements technologiques dans les énergies propres au cours des 15 dernières années qu'au cours des 50 années précédentes, et rien ne laisse présager un ralentissement, bien au contraire. Notre activité de financement des énergies renouvelables est passée d'une poignée de pays il y a vingt ans à des projets financés aujourd'hui dans quelque 35 pays. Nous sommes passés de modestes parcs éoliens équipés de turbines de 2 à 3 MW à des champs peuplés de turbines dites « monster » de 13 MW. A l’heure où je vous parle, nous sommes sur le chemin d’atteindre des turbines de 16 MW et 18 MW, voire plus. Nous sommes passés de l'onshore à l'offshore, et maintenant de l'offshore à l'offshore flottant. 

Tant dans l'éolien que dans le solaire, plusieurs de nos projets intègrent une solution de de stockage par batteries afin d’adresser les sujets de stabilité du réseau et de l’intermittence. Dans d'autres projets, nous finançons l'énergie renouvelable utilisée pour produire de l'hydrogène « vert » qui sera ensuite utilisé comme carburant dans les voitures, les camions. Cet hydrogène peut être mélangé au gaz naturel dans des gazoduc pour alimenter la production d'électricité. Il peut également servir de source d’énergie alternative pour les industries qui cherchent à réduire leurs émissions, comme le raffinage, l'exploitation minière ou la métallurgie. Tout ces changements rien que dans notre secteur énergétique, nous pouvons facilement établir des parallèles similaires dans les secteurs des métaux et des infrastructures.

 

Un deuxième exemple encourageant de l'accélération de la prise en compte de l'échéance de 2030 est l'augmentation et intensification que nous avons observée dans les communications RSE et ESG des entreprises et des institutions financières. Aujourd'hui, adopter une politique proactive en matière de changement climatique est devenu une « obligation » et non une option pour tout conseil d'administration ou comité de direction. Et dès lors que cette politique et ces engagements sont communiqués publiquement, cela crée un devoir de rendre des comptes, une responsabilité en la matière et exige une action de suivi dans la durée de la part de l’entreprise. Nous, chez Société Générale, en avons fait l'expérience, non seulement dans notre propre communication qui a été importante et détaillée, mais aussi en accompagnant activement nos clients à travers l'émission d'obligations vertes et sociales, d'obligations et de prêts sustainability-linked, ou de services de conseil en notations ESG par exemple.
Cette accélération n’est pas uniquement liée au secteur privé, de plus en plus de villes, d'États et de pays, sans doute sous la pression citoyenne, s'engagent de manière visible à atteindre des objectifs d’émission zéro à certaines dates préfixées.

Une troisième source d'optimisme, pour moi, est l'implication des jeunes professionnels. Comme je l'ai dit à un groupe d'étudiants d'HEC il y a quelques semaines, ma génération a plus fait partie du problème que de la solution. Les jeunes diplômés d'université et professionnels d'aujourd'hui auront la responsabilité d'inverser la tendance dans les deux prochaines décennies. Lorsque le professionnel trentenaire d'aujourd'hui envisagera la fin de sa carrière, nous serons bien dans les années 2050 et nous saurons comment le monde aurait évolué. D'après ce que j’observe aujourd'hui, cette génération est prête à aller de l'avant et à accomplir la mission.

Les changements auxquels le monde est confronté sont certes technologiques et industriels, mais ils sont aussi comportementaux. Il s'agit de s'habituer à conduire une voiture qui ne fait pas de bruit et dont l'autonomie est limitée (pour l'instant), à faire fonctionner les appareils au milieu de la nuit lorsque la demande d'électricité est moindre, à prendre les transports en commun lorsqu'ils sont disponibles, ou même (pour certains) à changer notre façon de consommer les protéines animales que nous apprécions tant mais qui peuvent avoir une empreinte carbone importante. S'il y a une lueur d'espoir dans l'horreur qu'a été la pandémie Covid 19, c'est bien notre capacité commune à nous adapter incroyablement vite à des circonstances extrêmes lorsque c'est absolument nécessaire.

L'Agence internationale de l'énergie vient de publier son premier scénario d’une trajectoire vers un système énergétique net zéro d'ici 2050. Ce scénario est à la fois encourageant et un défi de taille, car il prévoit une transformation complète de notre système énergétique mondial. Pour atteindre cet objectif, nous devrons non seulement déployer massivement toutes les technologies d'énergie propre disponibles (dont beaucoup n'existent peut-être pas encore ou ne sont pas encore prêtes à être industrialisées) et continuer à faire des avancées dans l'innovation en matière d'énergie décarbonée, mais nous aurons également besoin d'un changement important des comportements des citoyens. 

J'ai abordé les concepts d'évolutions technologiques et les domaines dans lesquels, à mon avis, nous avons des raisons de faire preuve d'un optimisme prudent sur notre capacité à engager une transition énergétique ambitieuse répondant ainsi aux enjeux climatiques à l’aube d’une décennie des plus importantes. Nous avons la chance de vivre une période de créativité et d'innovation technologique extraordinaires, ainsi qu'une période de liquidité du marché et de disponibilité des capitaux grâce à un appétit marqué de la part des investisseurs pour prendre un rôle dans cette transition énergétique. Le parfait alignement entre innovation, technologies et disponibilité des capitaux est plus que bienvenu au moment où nous en avons le plus besoin.

Chez Société Générale nous restons un acteur de premier plan sur tous les sujets liés à la transition énergétique, aux énergies renouvelables et propres et au développement de la finance à impact durable et positif et cela dans toutes les régions. Être un leader mondial dans ce domaine, c'est accélérer la transition énergétique, relever les défis du changement climatique, comprendre en profondeur les pays dans lesquels nous opérons et, pour faire simple, embrasser la complexité. Il s'agit d'aider nos clients à concrétiser leur vision et leurs projets, où qu'ils se trouvent.