
La BCE peut encore baisser ses taux
Une analyse de Michel Martinez, Chef Economiste Europe, Societe Generale Cross Asset Research, publiée dans Option Finance le 2 mai 2025.
En un an, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit son principal taux directeur de 4 % à 2,25 %. En avril, elle vient de supprimer la formulation selon laquelle « la politique monétaire devient significativement moins restrictive ». En déclarant qu'il "n'y a pas de meilleur moment pour être dépendant des données" et en suggérant que les risques à court terme pour l'inflation sont équilibrés, il nous semble que la BCE cherche à gagner du temps, en attendant de disposer de nouvelles prévisions en juin.
Lors de la réunion d’avril, Christine Lagarde a souligné les risques à la baisse pour la croissance (guerre commerciale, incertitude, resserrement des conditions financières et tensions géopolitiques), qui pourraient affecter les exportations, l'investissement des entreprises ou la consommation. Nous considérons que ces risques sont réels, qu’ils pourraient amputer la croissance de quelques dixièmes de point de PIB cette année et l’an prochain et ce principalement en raison du choc que vont subir les économies américaines et chinoises qui se livrent une guerre tarifaire intense, avec des taux supérieurs à 125 %. Mais ce choc sera beaucoup plus faible que celui du COVID, quand le PIB européen avait baissé de près de 6 % ou celui de la crise énergétique quand la facture énergétique avait augmenté de 4 points de PIB. On ne peut exclure une petite récession technique, de courte durée, cet été, en raison du profil de nos exportations, mais la croissance annuelle 2025 devrait rester correcte. Le FMI vient de la baisser à 0,8 %, soit autant qu’en 2024 et plus qu’en 2023 (0,5 %).
Plus surprenant, Lagarde a déclaré que « l'impact net de la guerre tarifaire sur l'inflation ne deviendra clair qu'avec le temps », suggérant également que les risques sur l'inflation sont équilibrés. D'une part, la baisse des prix des matières premières, des prix de l'énergie, l'appréciation de l'euro et la réorientation attendue de l'offre excédentaire mondiale pourraient exercer une pression à la baisse sur l'inflation. D'autre part, la fragmentation de la chaîne d'approvisionnement mondiale, la hausse des dépenses de défense en Europe et d'infrastructure (en Allemagne) pourraient augmenter l'inflation à moyen terme.
Lien vers l’intégralité de l’article publié dans Option Finance.