La transition énergétique de la Corée, son prochain miracle économique ?
La Corée a vécu une réussite économique et exportatrice fulgurante. Le pays peut maintenir son élan si ses entreprises adoptent des pratiques plus vertes. Et Société Générale peut s’appuyer sur sa présence de 40 ans dans le pays pour les accompagner dans leur transition vers un avenir durable.
De la reconstruction d'après-guerre dans les années 1950 à son émergence en tant qu'économie avancée dans les années 2020, le développement de la Corée est un miracle moderne. Ses marques d'électronique, d'automobile et de biens de consommation sont omniprésentes dans le monde entier.
Les exportations de biens et de services du pays ont grimpé à 803,59 milliards de dollars l'an dernier, soit 48,3 % du PIB, contre seulement 24,47 milliards de dollars en 1983 (27,9 % du PIB). C'est aujourd'hui le sixième exportateur mondial.
Au cours des 40 années de présence de Société Générale, la Corée a connu une croissance exponentielle pour devenir la 12e économie mondiale et un leader de l’export de technologie.
Cette transformation a d'abord été impulsée par des industries traditionnelles telles que la construction navale, la sidérurgie, les équipements de construction et la chimie. Ces secteurs sont d’ailleurs toujours vitaux pour l'économie coréenne. Mais pour poursuivre cette réussite, la Corée oriente désormais son économie vers des industries à faible émission de carbone, qui sont au coeur de la transition énergétique mondiale.
Impératif de carboneutralité
L’ensemble des entreprises coréennes des secteurs de l'industrie lourde ou de la « nouvelle économie », ont l’opportunité de se développeren saisissant le sujet de la neutralité carbone le plus rapidement possible. Celles qui saisiront cette opportunité contribueront non seulement à lutter contre le changement climatique, mais se doteront également d'un avantage concurrentiel, tout particulièrement si l’on tient compte de la force du pays en tant qu'exportateur.
Après tout, les attentes des consommateurs, des entreprises, des investisseurs et des gouvernements en matière de pratiques durables augmentent à l'échelle mondiale. Avec le renforcement de la réglementation sur la publication de données extra-financières sur les marchés de l'UE et du Royaume-Uni impliquent que les entreprises qui mesurent, déclarent et réduisent leurs émissions de CO2 pourraient attirer davantage d'investissements étrangers et améliorer leur position.
Les entreprises coréennes peuvent agir en s’appuyant sur un environnement favorable. La Commission des Services Financiers du pays reconnaît la nécessité d’améliorer la publication des données ESG et étudie l’obligation de reporting pour les entreprises cotées à partir de 2026. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'engagement de Séoul à atteindre la carboneutralité d'ici 2050. C’est le premier gouvernement d'Asie de l'Est à avoir pris cet engagement.
Défis liés aux capitaux
Une telle transition vers des activités plus vertes et des chaînes d'approvisionnement plus durables (sans compter la publication de rapports sur les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs) nécessitent du temps, des efforts et des capitaux.
Les entreprises peuvent réduire leur empreinte carbone de différentes manières : en passant aux énergies renouvelables, en réduisant les déchets ou en utilisant des méthodes de livraison plus économes en carburant. Souvent, les entreprises, en particulier les plus petites, ont besoin de conseils et de financement pour mettre en œuvre des stratégies de réduction de leurs émissions.
Il existe plusieurs méthodes de financement, des plus traditionnelles aux plus récentes, y compris les obligations et les prêts verts, sociaux, durables et liés à la durabilité (GSSS). Près de la moitié (42 %) des émissions d'obligations publiques sur les marchés des capitaux d'emprunt coréens sont liées à des projets ESG depuis le début de 2023. Les obligations sociales se distinguent particulièrement, représentant environ 50 % des émissions de GSSS. Ce potentiel important pour les émissions d'obligations vertes permettrait de rattraper les autres marchés asiatiques.
Société Générale a travaillé avec des institutions financières et des entreprises coréennes pour émettre des obligations vertes, sociales et durables pour un montant total équivalent à 22,4 milliards de dollars, et continue d’accompagner la transition énergétique du pays à travers d'importants financements.
En avril de cette année, la banque s'est associée à la Banque d'import-export de Corée (KEXIM) dans le cadre d'un financement post-livraison de 12 ans pour soutenir la modernisation de la flotte d’une grande compagnie maritime internationale.
Société Générale a également agi dans le cadre d’un financement inédit dans le domaine de l'énergie verte en Corée en 2022, en tant que chef de file mandataire et banque technique et environnementale pour le projet éolien offshore Jeonnam I de 99 mégawatts, développé par SK E&S et Copenhagen Infrastructure Partners. Ce projet de coentreprise, qui sera le premier parc éolien offshore à entrer en service en 2024, a initié les meilleures pratiques internationales dans un secteur qui contribuera aux objectifs ambitieux de la Corée en matière d'énergie renouvelable.
Donner le ton en matière de développement durable
Société Générale, fort de sa solide expérience en matière de structuration, a aussi arrangé des transactions ESG sur mesure.
En 2022, par exemple, la banque a contribué à la mise en place d'une offre de titres adossés à des actifs (ABS) durables pour Hyundai Card, la filiale de cartes de crédit du groupe Hyundai Motor de la Corée du Nord.
L'opération de 350 milliards KWR (259 millions d'euros) a été la première titrisation durable de l'entreprise, démontrant les avantages de l'intégration des facteurs ESG dans les financements structurés.
Il s'agit également du premier ABS durable de Société Générale à l'échelle mondiale, combinant à la fois des critères écologiques et sociaux. Le produit de l’opération a servi à financer la vente de véhicules électriques zéro émission et à offrir des services financiers aux titulaires de la carte Hyundai à revenu faible à modéré.
En adoptant des pratiques durables tout au long de la chaîne de valeur, des entreprises comme Hyundai, le plus grand constructeur automobile coréen, peuvent avoir un impact profond. Les entreprises qui font preuve de leadership en matière de développement durable s'aligneront rapidement sur l'orientation réglementaire et seront mieux positionnées sur le plan commercial et sur le plan de la réputation auprès des investisseurs et des clients étrangers.
En conclusion, si les entreprises coréennes peuvent encore mettre davantage l'accent sur l'action et le financement durables, le pays devrait conserver sa position de leader en tant qu'exportateur et élément clé des chaînes d'approvisionnement mondiales, malgré la concurrence croissante de ses pairs asiatiques.
1. https://www.fsc.go.kr/eng/pr010101/80913
2. https://www.societegenerale.asia/en/newsroom/success-stories/success-stories-details/news/sustainability-financing-support-the-sale-zero-emission-electric-vehicles-and-lower-income-people/