Le Covid-19 fait décoller la transition écologique de l'aviation

27/07/2020

Il est bien connu que la pandémie mondiale a pratiquement paralysé l'aviation internationale, faisant basculer l'industrie dans la crise. Ce qui est moins connu, c'est le fait que le ralentissement économique mondial ait relancé les efforts visant à réduire de manière significative les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des avions commerciaux.

Pour l'instant, la réduction des vols à l'échelle mondiale résultant de la fermeture des frontières nationales a permis de réduire considérablement les émissions de l'industrie aéronautique.

Avec un nombre de vols qui devrait mettre deux à trois ans à se rétablir, l'aviation semble déjà engagée sur une voie plus durable. Mais la crise a surtout accéléré le virage écologique du secteur à plus long terme. Le rythme de renouvellement de la flotte s'est accéléré, les compagnies aériennes retirant à présent plus rapidement leurs avions les plus anciens et les plus gourmands en carburant. Quant aux décideurs politiques, ils ont placé le développement d'avions à zéro émission au cœur des mesures de soutien à l'industrie. En effet, les constructeurs d'avions pourraient produire des prototypes en un peu plus de dix ans. 

Cette accélération vers une aviation plus durable est la bienvenue, car l'industrie mondiale produit environ 2 % des émissions de CO2 d'origine humaine. L'aviation est responsable d'environ 12 % des émissions de CO2 provenant de toutes les sources de transport, contre 74 % pour le transport routier.

Recherche d'un avenir durable

L'industrie a déjà fait des progrès significatifs dans la réduction des émissions depuis plusieurs décennies. En fait, les derniers modèles d’avions en service aujourd'hui sont plus de 80 % plus économes en carburant par siège et par kilomètre que les premiers jets des années 1960, grâce aux investissements massifs dans la recherche et le développement. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que l'industrie respecte sa promesse de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, par rapport aux niveaux de 2005.

Reconnaissant le rôle important de l'industrie dans son économie, le gouvernement français a annoncé un plan de soutien de 15 milliards d'euros pour l'industrie aérospatiale, qui comprend notamment 1,5 milliard d'euros sur trois ans pour la recherche sur des avions plus écologiques.

Ce plan accélérera le développement d'une nouvelle génération d'avions et de moteurs, ce qui aidera le secteur à atteindre son objectif de disposer d’un avion à zéro émission d'ici 2035, qui pourrait succéder à l'Airbus A320, l'avion le plus vendu au monde.

À l'heure actuelle, les compagnies aériennes réduisent la capacité de leur flotte et l'adaptent à la baisse de la demande des passagers. En retirant des avions plus anciens tels que le Boeing 747 et l'Airbus A380, elles renouvellent leur flotte avec des appareils plus écologiques, notamment l'Airbus A320neo, l'A350 et le Boeing B787 Dreamliner.

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Soutenir 65 millions d'emplois

On ne saurait trop insister sur l'importance de maintenir une industrie aéronautique viable. En 2019, près de 30 000 avions ont transporté 4,5 milliards de passagers du monde entier. La chaîne de valeur de l'industrie - qui comprend les compagnies aériennes, les loueurs, les fabricants, leurs chaînes d'approvisionnement et les entreprises connexes telles que le tourisme - employait 65 millions de personnes, soit l'équivalent de la population totale de la France ou du Royaume-Uni.

L’aviation commerciale a généré pour 876 milliards de dollars US de recettes (taxes comprises) en 2019, et sa contribution globale à l’économie s’élève de 3 à 4% du PIB mondial. Le secteur contribue en moyenne 111 milliards de dollars US par an en taxes aux états du monde entier, soit un montant similaire aux 123 milliards de dollars US que les gouvernements ont fournis pendant la crise dans le cadre de programmes de soutien.

Il n'est donc pas étonnant que l'aviation soit considérée comme une priorité par les gouvernements. Rien qu'en France, c'est une industrie essentielle, car elle est le troisième exportateur mondial, avec 1 300 PME dans la chaîne d'approvisionnement et 300 000 employés, dont quelque 35 000 dans la recherche et le développement. 

Financer le renouvellement

Les banques jouent un rôle clé pour soutenir le secteur aéronautique en ces temps difficiles. Société Générale est fortement engagée auprès de ses clients, et nous les aidons à surmonter la crise et à préparer l'avenir. Pour commencer, nous avons été l'une des banques participant au prêt de 7 milliards d'euros au groupe Air France-KLM, garanti par l'État français. De plus, nous avons mené plusieurs financements, dont ceux d'Airbus et de Safran. Parmi ceux-ci, un financement relais de 15 milliards d'euros en mars, ainsi qu'une levée de fonds de 12,3 milliards d'euros au total depuis, sous forme d'émissions d'obligations et d'obligations convertibles.

Nous avons également continué à financer le rajeunissement des flottes avec les derniers avions plus écologiques et plus économes en carburant. Par exemple, nous avons financé l'achat récent par Pegasus Airlines d'avions Airbus A321neo et l'acquisition par Air France d'Airbus A350.

À l'avenir, nous nous attendons à aider les grandes compagnies aériennes et les constructeurs aéronautiques à se refinancer à mesure que les économies et le nombre de passagers se redresseront. Nombre de ces entreprises devront revoir leur structure de capital, en réduisant les niveaux d'endettement contractés pour aider à résister à la toute première crise mondiale du secteur.

Bien que l'industrie n'ait pas choisi cette crise, elle peut être aussi source d’opportunité pour une renaissance plus verte, avec par exemple la technologie liée à l'hydrogène mise à l'essai pour développer les premiers avions à émissions zéro dans un peu plus de 10 ans.