La conférence annuelle Quant organisée par Société Générale Amériques (AMER) s'est tenue au début du mois à New York.
Benjamin Hoff, récemment nommé Responsable de la recherche sur les matières premières de Société Générale Amériques, s'est entretenu avec Greg Sharenow, Managing Director et gestionnaire de portefeuille du géant américain de la gestion d'actifs PIMCO, sur certains thèmes clés du secteur des matières premières pour les investisseurs institutionnels.
Ils ont abordé le rôle des matières premières dans un portefeuille en période de Greenflation et dans un contexte économique de transition vers des sources d'énergie plus propres.
La conversation tombait à point nommé, alors que les portefeuilles traditionnellement structurés 60/40 en actions et obligations ont connu en 2022 l'une des pires années de leur histoire, avec les mesures de resserrement mises en place par les banques centrales pour lutter contre l'inflation persistante.
M. Hoff a remarqué que les investisseurs optent davantage pour la couverture contre l'inflation qu'ils ne l'ont fait depuis un quart de siècle, ce qui entraîne une hausse de la demande de matières premières dans les portefeuilles.
M. Sharenow a fait valoir que les matières premières devraient continuer à jouer un rôle important en tant qu'outil de diversification dans un contexte d'inflation élevée.
Je pense que les actifs réels sont extrêmement importants pour assurer la résilience des portefeuilles, a-t-il déclaré.
L’échange a ensuite porté sur les émissions de carbone et sur la meilleure façon de les réduire.
M. Hoff a noté que le prix du carbone est généralement fixé de manière indirecte plutôt que directement pour les consommateurs, ce qui les prive de la transparence des prix qui les inciterait à adopter un comportement plus responsable.
Selon M. Sharenow, une approche des émissions fondée sur le marché permettrait aux investisseurs de disposer d'une solution de couverture et d'un transfert de risque adéquat.
L'un des problèmes en jeu est qu'il est politiquement difficile d'assurer la transparence des prix nécessaire pour inciter les gens à changer de comportement, ce qui explique pourquoi nous n'avons pas vu une adoption plus large de la tarification du carbone. Lorsque nous réglementons les émissions d'échappement des véhicules, il s'agit d'une politique carbone - soit en encourageant les véhicules électriques, soit en établissant des normes d'économie moyenne de carburant. Cependant, il s'agit d'un prix non transparent et le marché a la possibilité d'y remédier de manière plus efficace et à moindre coût.
Un bon exemple de l'impact de la transparence des prix, cité par les deux intervenants, est l'augmentation spectaculaire des prix de l'électricité en Europe une fois que le coût du carbone a été pris en compte, ce qui a eu pour effet de doubler les coûts. Aux États-Unis, avec la législation en cours à New York et dans d'autres régions qui devraient suivre l'exemple de la Californie en matière de tarification des émissions, M. Sharenow pense qu'il est possible que 50 % de l'économie américaine soit soumise à une forme ou une autre de taxe sur le carbone dans un avenir relativement proche.
Dans ce scénario, ils ont tous deux convenu ne pas savoir dans quelle mesure le coût du carbone influencerait les prix des matières premières et l'inflation en général. Ils ont toutefois indiqué qu'il fallait en tenir compte lors de l'élaboration de prévisions d'inflation à plus court terme.
La conférence SG Quant de New York s'est tenue en présentiel pour la première fois depuis 2020 et a rassemblé des centaines de personnes.