La Chine vise plus haut pour le Cash Management et le Trade Finance

En Chine, les invitations au paiement via Alipay ou WeChat Pay s’affichent dans pratiquement tous les points de vente, des grands magasins aux commerces de proximité.

Selon le dernier rapport Global Findex de la Banque mondiale¹, 81,5 % des adultes chinois ont réalisé un paiement marchand numérique en 2021. Ce chiffre représente plus du double de la moyenne mondiale, et est supérieur à la moyenne de la zone euro. Il s’agit d’un rappel omniprésent du leadership de la Chine en matière de paiements numériques.

Les effets de cette numérisation de masse ont également été ressentis dans le secteur des grandes entreprises. Grâce à l’expertise numérique de la Chine et à l’ampleur du potentiel que représente sa population d’1,4 milliard d’habitants, de nombreuses fintech ont pu développer des solutions qui facilitent le transfert d’espèces ou de biens, ou qui allègent la contrainte réglementaire.

La prochaine étape est encore plus prometteuse. 

Leaders Locaux

L’expertise de la Chine en technologie financière va bien au-delà des paiements de détail.

La Chine est également un leader dans l’IoT (l’internet des objets), des dispositifs connectés qui peuvent permettre aux entreprises de suivre les expéditions et d’accélérer le flux de fonds entre l’acheteur et le fournisseur. Ant Group, qui gère le réseau Alipay, s’appuie sur sa solution blockchain AntChain et des données de localisation pour fournir du financement commercial à mesure que les expéditions progressent le long des chaînes d’approvisionnement. Ce qui permet par exemple, d’accélérer les paiements une fois les marchandises ont passé la douane ou ont atteint leur destination finale sans attendre la confirmation manuelle².

L’intelligence artificielle (IA), considérée comme une priorité stratégique par le gouvernement chinois, permet aux entreprises de libérer de la valeur en traitant de grandes quantités de données beaucoup plus rapidement que le traitement manuel. Les entreprises peuvent ainsi mieux anticiper la demande et les besoins de liquidité à venir, aussi bien en interne, au sein de différents départements, qu’à l’externe, pour leurs clients et leurs fournisseurs.

La nouvelle technologie la plus prometteuse pour les trésoriers d’entreprise est peut-être la technologie des registres distribués, ou DLT (Distributed Ledger Technology) et la et blockchain.

On pense souvent, à tort, que la répression de la Chine sur les cryptomonnaies a freiné l’utilisation de la technologie blockchain. En réalité, si la Chine a exclu un avenir décentralisé pour la finance, les initiatives utilisant la DLT et les protocoles de blockchain autorisés sont bien établies et deviennent plus pertinentes que jamais.

Walmart China utilise la technologie blockchain pour suivre les produits alimentaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement depuis 2016³. JD.com et d’autres grands détaillants en ligne offrent désormais la traçabilité en un clic pour des milliers de produits grâce à la blockchain⁴.  

La technologie Blockchain est également utilisée en Chine pour vérifier les expéditions commerciales. Cela crée également de la valeur pour les entreprises commerciales qui peuvent ainsi surveiller les allées et venues de leurs marchandises et de monétiser les flux commerciaux plus rapidement, sans attendre de longs processus de vérification manuelle. Les banques en Chine développent activement leurs propres solutions ou coopèrent avec des fournisseurs tiers pour libérer la puissance de la blockchain.  

Ces technologies de nouvelle génération sont déjà des outils essentiels pour les trésoriers en Chine. En travaillant avec des partenaires financiers qui leur offrent une visibilité sans précédent sur le flux des marchandises et des paiements, ils libèrent de la liquidité pour d’autres usages.

Des usages transfrontaliers

Ces technologies commencent maintenant à franchir les frontières.

L’Autorité monétaire de Hong Kong (HKMA) et la Banque populaire de Chine (PBOC) soutiennent eTrade Connect⁵, un projet pilote de blockchain pour faciliter le commerce et le financement du commerce dans la région de Greater Bay.

Le secteur privé a également fourni la preuve du potentiel de blockchain pour transformer le cycle du commerce et de la liquidité.

Le géant des ressources BHP Group et China Baowu ont conclu leur premier échange de minerai de fer, évalué à environ 1 milliard de Rmb (156 millions de dollars US), sur la plateforme⁶ basée sur la blockchain de MineHub en avril 2020.

BHP a également testé la blockchain pour suivre les expéditions⁷ de cuivre avec China Minmetals Non-Ferrous Metals au deuxième semestre de 2021.

Début 2022, Syngenta, détenue par China National Chemical Corp, a utilisé TradeLens, une plateforme de chaîne d’approvisionnement alimentée par la technologie⁸ blockchain, pour effectuer un financement commercial sans papier. Ce qui a économisé 10 jours de temps de traitement des documents d’une expédition de Corée du Sud vers le Bangladesh.

Un avenir numérique

Ces applications deviendront encore plus puissantes avec la numérisation de la monnaie chinoise.

e-CNY, le yuen numérique, va porter le commerce transfrontalier à un niveau supérieur en apportant sur la scène internationale, les technologies innovantes qui ont simplifié le marché domestique.

Selon le livre blanc de la PBOC, la monnaie numérique de la banque centrale chinoise (MNBC) pourrait ne pas utiliser la technologie blockchain dans son intégralité. La performance de cette technologie est encore insuffisante pour alimenter le règlement national à grande échelle. Mais l’e-CNY permet d’effectuer des paiements instantanément et offre une traçabilité accrue pour se prémunir contre les risques de fraude et de conformité.

La monnaie numérique est déjà utilisée dans plus d’une douzaine de grandes villes dans le cadre d’un projet pilote, où e-CNY apparait aux côtés des symboles Alipay et WeChat Pay chez les commerçants.

Bien qu’il n’y ait pas de calendrier officiel, la banque centrale chinoise se prépare également à déployer le yuan numérique à l’échelle internationale. Elle travaille avec diverses parties prenantes telles que la HKMA, la Banque de Thaïlande et la Banque centrale des EAU sur le projet mBridge   pour développer une plate-forme interopérable pour les paiements internationaux en utilisant les MNBC dans la région.

Société Générale soutient activement l’initiative mBridge et participe au projet pilote, en tant que leader dans le développement de la finance numérique, par exemple avec le lancement de jetons¹⁰ de sécurité conformes à la réglementation en Europe.

Nous nous attendons à ce que les MNBC, la blockchain et d’autres technologies numériques émergentes fassent partie d’un avenir prometteur pour les services financiers. La numérisation de la Chine permet d’atteindre cet avenir.
 

<sup>1. Data (worldbank.org)
2. www.antchain.net/productsAndSolutions/productsDetail/Trusple
3. one.walmart.com/content/globaltechindia/en_in/Tech-insights/blog/Blockchain-in-the-food-supply-chain.html
4. developer.jdcloud.com/article/1251
5. eTradeConnect
6. www.bhp-china.cn/media-and-insights/news/2020/05/bhpandchinabaowu.html
7. Three big questions blockchain is helping us answer (bhp.com)
8. Syngenta and HSBC complete paperless trade finance transaction on the TradeLens platform
9. www.bis.org/publ/brochure_mbridge.pdf
10. A world first for Societe Generale: the admission of security tokens on the Luxembourg Stock Exchange - Societe Generale</sup>