Le marché de la finance durable a franchi une étape clé en Asie Pacifique
Alors que les parties prenantes poussent les entreprises à devenir plus durables, la technologie, la réglementation et les mesures nationales de soutien évoluent rapidement dans ce sens. Ce qui permet aux investisseurs d’allouer plus de capitaux avec confiance.
Le marché de la finance durable est en plein essor. Selon « Precedence Research1», l'encours mondial des prêts, obligations et autres instruments verts, sociaux et durables a explosé. Ils représentaient moins de 100 milliards de dollars en 2015 pour atteindre 4 500 milliards de dollars en 2022. Malgré la baisse d’activité en 2023, la valeur de ce marché devrait croître de 20 % par an au cours de la prochaine décennie et représenter près de 30 000 milliards de dollars en 2032. Une grande partie de cette croissance viendra de la région Asie-Pacifique (APAC), qui rattrape l'Europe et l'Amérique du Nord et les dépasse même dans certains domaines. Mais la taille du marché n’est pas la seule raison de se réjouir.
Notre confiance repose sur une dynamique positive dans trois domaines fondamentaux et interdépendants.
Les progrès de la technologie
La région APAC joue un rôle de premier plan dans la promotion des nouvelles technologies de décarbonation. Les progrès technologiques s'accélèrent sans cesse, créant de nouvelles industries et de nouvelles opportunités au-delà des frontières. De nombreuses entreprises de la région APAC sont déjà des leaders mondiaux dans leur technologie respective et la région offre un vaste marché pour déployer ces nouveaux leviers de décarbonation à grande échelle.
Aujourd'hui, la Chine n'est pas seulement le plus grand fabricant de panneaux solaires, d'éoliennes et de batteries ; c’est aussi le pays le plus consommateur de ces équipements, avec une capacité installée d'énergies renouvelables de 1 260 gigawatts couvrant le solaire, l'éolien, l'hydro-électricité et la biomasse. La Chine est également le plus grand marché mondial pour les véhicules électriques. Elle exporte avec succès ses véhicules électriques et sa technologie de batterie dans le monde entier. Parallèlement, le Japon et la Corée du Sud développent rapidement leur expertise et leurs infrastructures pour produire et distribuer des carburants propres, notamment l'hydrogène, l'ammoniac, les e-carburants et aussi développer le captage du carbone.
L'Australie dispose elle aussi de réserves minérales critiques pour la transition, ainsi que d'importantes ressources éoliennes et d'un vaste territoire pour les installations solaires. La capacité à développer de grandes quantités d'énergie renouvelable sera fondamentale pour produire l'hydrogène vert et les carburants bas-carbone nécessaires pour réduire les émissions de carbone des industries difficiles à décarboner, les transports et le secteur de l'énergie.
L’afflux des capitaux
Ces avancées attirent de plus en plus de capitaux. Les investisseurs privilégient désormais les opportunités qui offrent des profils et des résultats plus solides en matière de durabilité. Certes, il faut nuancer cette augmentation de l'appétit des investisseurs, mais dans l'ensemble, les facteurs ESG sont nettement plus intégrés dans les processus d'investissement que par le passé, et influencent plus que jamais les décisions d'investissement.
La mobilisation de capitaux peut prendre la forme d'un financement de projet individuel ou d’un financement d'entreprise. Les banques et les investisseurs peuvent désormais tirer parti d'instruments tels que les obligations ou les prêts verts pour financer des projets individuels ou accompagner plus globalement les entreprises à condition qu'elles aient des investissements verts, des objectifs ambitieux en matière d'émissions nettes et des plans de transition réalistes et précis.
Les sociétés d’investissement, les assureurs, les gestionnaires d'actifs et les fonds souverains peuvent encourager les entreprises à adopter des normes ESG plus strictes et à orienter leurs investissements vers ceux qui ont le plus d'impact positif. Cela dépasse la lutte contre le changement climatique. PAG, l'une des plus grandes sociétés d'investissement et de capital-investissement d'Asie, basée à Hong Kong, a récemment conclu un premier prêt rticulé sur a des objectifs de développement durable pour son fonds de crédit privé, qui l'aidera à inciter les entreprises de son portefeuille à améliorer leur maturité et leurs résultats en matière d’ESG. Société Générale a agi en tant que co-coordinateur sur l’aspect durable de ce prêt pour PAG. Il fait suite au premier prêt lié au développement durable de PAG pour son fonds d'investissement privé.
L’action des décideurs politiques
Les gouvernements sont une troisième raison d’être optimiste. Dans toute la région Asie-Pacifique, les décideurs politiques consacrent davantage de temps, d'efforts et de ressources à la promotion de la durabilité, que ce soit par le biais de subventions et d'incitations, de programmes d'investissement public ou de réglementations nouvelles et renforcées.
En Australie, une taxonomie complète des activités durables est en cours d'élaboration avec le soutien appuyé du gouvernement. Avec d'autres initiatives politiques détaillées dans la récente stratégie de finance durable du gouvernement, nous pensons que cette taxonomie agira comme un catalyseur pour une accélération structurelle du marché local de la finance durable.
Le reste de l'Asie progresse également à cet égard : de nombreux pays ont fixé des objectifs nationaux de décarbonation et s'emploient désormais à mettre en place des politiques favorables dans tous les secteurs. La lutte contre le greenwashing s'intensifie également afin que les entreprises et les investisseurs soient tenus responsables des engagements qu'ils prennent.
La dynamique se met en place
Tous ces éléments contribuent à la maturation et à l'évolution du marché. Pour preuve, Société Générale a récemment agi en tant que coordinateur sur l’aspect durable d’un prêt pour accompagner Cromwell Property Group, un investisseur immobilier international basé en Australie, dans la conception et la mise en œuvre de son cadre mondial de financement durable. Ce cadre permettra à Cromwell d'initier des opérations de financement durable pour les entités de son groupe dans le monde entier.
Autre exemple, Société Générale a joué le rôle d'arrangeur et de coordinateur vert pour New Zealand Green Investment Finance (" NZGIF "), la banque verte publique d’investissement qui a pour objectif de réduire les émissions du pays, afin de structurer une solution de financement qui puisse être répliquée. Cette solution facilitera le déploiement de la production d’énergie solaire distribuée en Nouvelle-Zélande. Dans le cadre de cet engagement, Société Générale a développé le cadre de financement vert de NZGIF et a attribué le label vert à sa première émission de financement d’actifs solaires.
Le flux d'opportunités locales et régionales associées à la transition vers le zéro émission nette ne montre aucun signe de ralentissement. La combinaison des avancées technologiques, de l'allocation de capital et du soutien politique à travers la région APAC indique que le meilleur est à venir pour le marché de la finance durable dans la région.
1. Precedence Research: https://www.precedenceresearch.com/sustainable-finance-market