2023 sera-t-elle l'année du changement pour le financement de la transition énergétique ?

13/12/2022

Il y a trente ans, les parcs éoliens et la capture du carbone relevaient de la science-fiction. Aujourd'hui, ces infrastructures sont l'avenir d'une économie à faible émission de carbone.

En travaillant avec les multinationales, les gouvernements et les start-ups qui mènent la révolution énergétique d'aujourd'hui, j'observe un changement radical dans le rythme des activités. En effet, il semble certain que 2023 sera l'année d'un financement plus important des capacités d'énergie renouvelable et des infrastructures de transition énergétique, les prêteurs étant plus à l'aise avec les nouveaux modèles commerciaux et les risques qui y sont associés.

Ce n’est pas exagéré d'affirmer qu'il s'agit d'un moment décisif pour le secteur de l'énergie. C'est également vrai pour Societe Generale Global Banking and Advisory, où nous nous transformons pour exploiter toutes les ressources de la banque en travaillant sur les nouvelles chaînes de valeur de l'énergie. Ce faisant, nous contribuons à façonner la politique gouvernementale et à éduquer le marché au sens large sur la bancabilité des énergies renouvelables et des infrastructures de transition énergétique. 

Concernant plus particulièrement les énergies renouvelables, les dernières prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) confirment mon impression d'accélération de l'activité, en prévoyant que le monde va développer autant de capacité d'énergie renouvelable au cours des cinq prochaines années qu'au cours des vingt dernières. La capacité mondiale d'énergie renouvelable devrait augmenter de 2 400 gigawatts entre 2022 et 2027, selon le rapport annuel Renewables 2022 de l'AIE. Cela représente près d'un tiers de plus que ce qui était prévu il y a un an, et dépasse la capacité globale installée des centrales au charbon.

Mais cette croissance dépend de la capacité à trouver des moyens de financer des projets commerciaux non prouvés, à mesure que les jeunes entreprises et les entreprises existantes développent de nouvelles technologies. Comment répartir les risques dans les chaînes de valeur de la capture du carbone, par exemple ? Comment évaluer les risques des projets d'hydrogène à grande échelle ? En utilisant toute notre intelligence collective, nous répondons à ces questions.

Par exemple, le financement de la capture, de l'utilisation et du stockage du carbone (CCUS) est essentiel pour la décarbonation, mais dépend de l'allocation des risques à travers des chaînes de valeur complexes, allant des émetteurs de CO2 comme les centrales électriques au gaz ou les producteurs d'hydrogène, jusqu'aux installations de capture du carbone comme les réservoirs souterrains de pétrole et de gaz épuisés. Société Générale a contribué à l'élaboration d'un cadre d'allocation des risques au Royaume-Uni et a travaillé en tant que conseiller financier sur plusieurs autres projets CCUS dans le monde, tout en soutenant les négociations avec les gouvernements sur les modèles économiques sous-jacents.

L'hydrogène propre est également essentiel aux plans de décarbonation des gouvernements. Si des capitaux propres sont disponibles, notamment par le biais du fonds Hy24 conseillé par Société Générale, la bancabilité n'en est qu'à ses débuts. Mais nous sommes de plus en plus capables d'évaluer les risques et je pense que le financement de projets d'hydrogène à grande échelle s'accélérera en 2023, avant de devenir plus standardisé à terme et de permettre un développement plus rapide de l'économie de l'hydrogène.

Concernant les interconnecteurs électriques, s’ils sont de conception simple comme des câbles à haute tension de point à point, le financement d'un câble qui relie deux pays est tout sauf facile. Avec l'augmentation de la production d'énergies renouvelables, les interconnecteurs donneront aux pays plus de flexibilité, en leur permettant d'utiliser les réseaux électriques de leurs voisins lorsque le vent ou le soleil feront défaut. Mais leur construction dépendra de structures financières complexes, comme celles des interconnecteurs Greenlink et NeuConnect, qui ont bouclé le financement de leur projet en mars et juillet 2022 respectivement, avec Société Générale comme conseiller financier. Greenlink doit relier l'Irlande et le Royaume-Uni d'ici 2024. Il s'agit du premier interconnecteur européen à financement privé, tandis que NeuConnect doit relier l'Allemagne et le Royaume-Uni avec une capacité permettant d'alimenter jusqu'à 1,5 million de foyers.

En tant que pionniers du financement de la transition énergétique, nous sommes en train de résoudre des problèmes, en concevant des types de financement qui deviendront ensuite habituels. Outre les transactions déjà mentionnées, nous avons joué un rôle de premier plan dans le premier parc éolien offshore des États-Unis, le premier parc éolien offshore à l'échelle commerciale de Taïwan et le premier parc éolien offshore flottant en France. 

Pourtant, l'évolution des besoins de nos clients en 2023 et au-delà signifie que nous devons également évoluer. L'intelligence collective de nos équipes - notamment les experts en géologie, en traitement et en ingénierie - n'a jamais été aussi précieuse. Ensemble, en tant que banquiers de l'énergie, nous souhaitons poursuivre notre travail de développement des modèles de financement de la transition énergétique qui pourront ensuite être adoptés à grande échelle sur les marchés financiers.

C'est un moment exceptionnel, où nos clients actuels et potentiels ont l'occasion d'être les leaders de la transition énergétique de demain, tout comme nous avons la possibilité de jouer un rôle de premier plan en les conseillant et en les finançant. Et c'est l'opportunité la plus excitante de ma carrière.