Paiements transfrontaliers : un marché toujours très dynamique et innovant

03/10/2022

En dépit des tensions géopolitiques et de la crise sanitaire, le développement du marché des paiements transfrontaliers ne montre pas de signe de ralentissement, bien au contraire...

La situation contribue même à l’accélération des changements qui affectent le secteur, notamment pour tendre vers des transactions plus fluides et transparentes. 

Les flux transfrontaliers continuent à se développer, même avec la pandémie et ses conséquences. En 2020, alors que les voyages et le commerce international étaient en baisse, les transactions transfrontalières e-commerce augmentaient de 17%. Mieux, en décembre 2020, les volumes traités par SWIFT étaient en augmentation de 10% par rapport à l'année précédente1

Avec la réouverture des frontières, les déplacements des individus (étudiants internationaux, voyageurs, expatriés…) ont rapidement repris, tandis que les nouvelles habitudes des consommateurs et le développement de la “gig economy” (chauffeurs Uber, livreurs Deliveroo, etc.), essentiellement portée par des acteurs américains qui opèrent localement dans le monde entier, génèrent de nouveaux flux transfrontaliers. Et même si la guerre en Ukraine a remis en question la notion de “village global”, les échanges n’ont pas été réduits en 2022, bien qu’ils aient tendance à se régionaliser. 

Signe du dynamisme du marché, un nombre toujours plus important d’acteurs, quelle que soit leur place dans la chaîne de valeur, s’intéresse de près à ce secteur des paiements transfrontaliers.


Des liquidités moins abondantes : vers un rééquilibrage des forces ?


Les fintechs sont présentes de longue date sur le sujet : elles ont véritablement transformé les standards en matière d’expérience client. Mais maintenant, les banques traditionnelles sont déterminées à rattraper le temps perdu. La période pourrait d’ailleurs être propice à un rééquilibrage des forces : les liquidités dont ont bénéficié les startups pour se financer jusqu’à présent sont désormais moins abondantes et elles vont devoir maintenant se confronter à des impératifs de rentabilité. 

Dans ce contexte désormais moins porteur, certains parviendront à trouver leur place - ou ont déjà réussi - mais beaucoup ne parviendront pas à atteindre une taille critique et devront chercher une porte de sortie. 


Un marché des paiements de plus en plus concurrentiel


Ces dernières années, les acteurs issus du monde de la carte, en recherche de relais de croissance, ont également multiplié les acquisitions dans les paiements. Visa a ainsi racheté Earthport en 2019 et Tink en 2021, tandis que Mastercard intègre Vocalink, Aiia, Transfast, Finicity et Nets, notamment. La nouvelle donne pourrait leur ouvrir de nouvelles opportunités d’acquisitions.

N’oublions pas non plus l’intérêt des GAFAs, avec des initiatives comme Apple Pay (qui propose désormais des crédits à la consommation), Google Wallet ou Meta Pay (ex-Facebook Pay). Pour l’instant, leurs efforts n’ont pas encore pleinement porté leurs fruits, tant la fragmentation des marchés et les exigences des réglementations bancaires sont fortes. Mais ils apprennent et progressent très rapidement.


SWIFT, toujours au centre du jeu


Dans ce paysage très concurrentiel, SWIFT restera incontournable. Néanmoins, les tensions géopolitiques récentes ont mis en évidence un certain nombre d’alternatives déjà en place, soulignant, si besoin était, la plus grande fragmentation du monde et l’ancrage occidental de SWIFT. 

Pour autant, la force de SWIFT sera difficilement reproductible, en raison de son très fort niveau d’adoption à travers le monde. En outre, la migration en cours des paiements SWIFT vers ISO 20022 va permettre d’établir un écosystème plus harmonisé et efficace.


Vers une concentration et un renforcement des banques leaders


Du côté des banques, la poursuite de la concentration des acteurs du clearing semble inévitable à moyen terme. Poussé par le régulateur, le déploiement des nouvelles technologies qui permettent d’imaginer des usages plus riches autour des paiements, avec de l’information mieux structurée, des échanges en temps réel et 24/7, et ce, sans compromis sur la sécurité, induisent de très lourds investissements. Dans le même temps, la pression réglementaire et la compression des prix de vente vont se poursuivre et certainement s’amplifier. La combinaison de tous ces facteur, donne à notre sens une prime aux leaders. 

Les banques globales devraient devenir encore plus puissantes qu'actuellement : elles peuvent s’appuyer sur leurs infrastructures robustes, leur masse critique, leur expertise en matière de conformité et de sécurité, ainsi que sur leurs décennies d'expérience en termes de risques financiers. Les très grands acteurs du clearing ont les moyens de rester au centre du système financier pour assurer sa stabilité et garantir la protection de leurs clients. À condition de réussir la transition digitale en cours. 

https://www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/global-payments-2021-transformation-amid-turbulent-undercurrents